Organiser sa veille informationnelle

Pour comprendre en un coup d’oeil

Un constat

« Choses qui se produisent toutes les 60 secondes » –
Infographie réalisée par GO-Globe Web Design Company

Connaissez-vous l’INFOBÉSITÉ ?

C’est un terme apparu à la fin des années 1990 pour évoquer la surcharge informationnelle (et je pense que l’inventeur de ce mot n’avait probablement aucune idée de la croissance toujours plus exponentielle de la quantité d’informations disponibles 30 ans plus tard !).

Notre esprit est constamment sollicité, dès l’ouverture de notre smartphone, par des dizaines, des centaines d’informations, qui bien souvent se mélangent : mails professionnels et personnels, notifications, actualités, publicités…

Or une partie de nos missions d’ERUN consiste à se tenir informé régulièrement : sortie de nouvelles applications, mise à jour de logiciels, contenu didactique spécifique à appréhender pour préparer une formation ou même simplement notre curiosité à attiser… La recherche d’informations est au coeur de notre quotidien professionnel.

Il est donc devenu indispensable de faire du tri et d’organiser sa veille au mieux pour s’y retrouver plus facilement.

Si, comme moi :

  • vous avez 324 mails en attente (ben oui, quand je vois un truc qui me parle, je me l’envoie par mail, pour un « plus tard » qui bien souvent n’arrive jamais!)
  • vous avez les yeux qui brillent et le cerveau qui se met en fête dès que vous tombez sur un truc qui A L’AIR TROP BIEN !!! mais que vous oublierez vite parce qu’IL Y AVAIT UN AUTRE TRUC ENCORE MIEUX! sur la page d’après
  • vous passez 1 000 heures à essayer de retrouver ce super tuto d’un collègue sur lequel vous êtes tombé, qu’il vous faudrait là tout de suite maintenant parce que ça servirait pile-poil à l’enseignante qui vous a posé la question cet après-midi, mais que, zut, mais où est-ce que je l’ai vu, bon sang
  • il vous arrive d’éteindre votre portable en ayant oublié d’aller chercher l’information que vous aviez en tête au moment de l’ouvrir

Alors vous pouvez lire la suite, on va essayer de trouver des solutions!

Et si vous ne vous reconnaissez pas, c’est que vous avez probablement déjà trouvé une stratégie de veille efficace (ou que vous vivez dans une grotte, SANS wifi ET coupé du monde) (mais bon, du coup, vous n’êtes pas ERUN!). Merci de passer directement à la section « commentaires » ou sur le forum pour nous dévoiler tous vos secrets!!!

Revenons à notre sujet.

Pour éviter de s’y perdre, on va essayer de devenir méthodique en mettant en place une veille informationnelle.


La veille informationnelle, c’est quoi ?

L’apport théorique

La veille informationnelle est l’ensemble des stratégies mises en place pour rester informés, en y consacrant le moins de temps possible et en utilisant des processus de signalement automatisés.

Jean-Pierre LARDY – URFIST de Lyon

La veille informationnelle, c’est donc une opération différente de la simple recherche d’informations (processus ponctuel). Elle se définit davantage comme une activité itérative, une surveillance active, un processus organisé et automatisé qui permette un gain en temps et en efficacité (-> argument de choc!).

Définir ses besoins

Dans un premier temps, il va falloir définir ce qui nous intéresse : quel sujet, quelle thématique ? Et là, on a le choix : la robotique ? l’Intelligence artificielle? les langues vivantes?… Pour ne pas s’éparpiller, il faut cependant accepter de faire des choix dans nos sujets de prédilection.

Ensuite, cibler les endroits où on peut trouver ces infos, sélectionner ses sources : site internet généraliste (Eduscol…) ou spécifique (Atelier Canopé, blog ClasseTice…), réseaux sociaux (une personne, un groupe, une page)…

Ça, c’est la partie la plus simple, celle qu’on fait déjà sans vraiment y réfléchir, et qui pourtant nécessite un vrai travail de réflexion.

Une fois cela défini, il faut trouver un système efficace et pérenne pour collecter des informations. Pour moi, la priorité était de pouvoir accéder aux informations dans différents environnements (ce que j’ai vu sur mon smartphone, je veux pouvoir le retrouver sur mon ordi pour le retravailler) et sous un nombre d’entrées restreint (pour faire le tour de mes sources rapidement et tout retrouver au même endroit).


Collecter des informations

L’apport théorique

Deux méthodes sont souvent présentées :

  • méthode PULL (tirer l’information) : c’est nous qui allons chercher des informations dans nos sources habituelles, ciblées.
  • méthode PUSH (pousser l’information) : l’information est directement poussée vers nous, selon des critères que nous avons définis.

C’est généralement un mélange de ces deux méthodes qui donnent les meilleurs résultats.

Entrons un peu plus dans le détail. Je vous présente deux niveaux d’usage, pour que vous puissiez l’adapter à vos besoins.

usage basique

  • enregistrer les sites et blogs ciblés dans les « favoris » de son navigateur (⭐︎)
  • s’abonner aux newsletter ou aux listes de diffusion des sites qui nous intéressent pour être informés régulièrement des nouveautés par mail
  • cibler des personnes / groupes / pages / entreprises qui nous intéressent et s’abonner à eux (il existe par exemple des groupes Facebook proposant des contenus spécifiques numériques, IA…)
  • sur certains réseaux sociaux, il est possible d’activer l’envoi de notifications à chaque nouveau post publié

AVANTAGES :

  • les sources sont ciblées -> efficacité
  • on évite les informations non-pertinentes qui risquent de parasiter les recherches

INCONVÉNIENTS :

  • c’est chronophage, ça oblige à consulter en permanence de multiples sources
  • on peut passer à côté d’une info importante si on ne se connecte pas régulièrement
  • ça ouvre moins à d’autres horizons, on reste sur ce qu’on connait

usage élaboré

Connaissez-vous les flux RSS (Really Simple Syndication)? C’est un format de données dont le contenu est produit automatiquement à chaque mise à jour d’un site web (vidéo explicative de K’Pulse).

Ces fichiers (inintelligibles pour les non avertis!) se lisent grâce à un agrégateur de flux RSS : c’est un espace UNIQUE dans lequel on va pouvoir rassembler les flux RSS de tous les sites ou blogs que l’on consulte. Chaque nouvel article paru sur les blogs ciblés viendra automatiquement dans notre espace, créant ainsi une revue de presse personnalisée!

Deux agrégateurs de flux RSS à découvrir -> INOREADER et FEEDLY

AVANTAGES :

  • économie de temps (un seul site à consulter)
  • processus automatisé qui garantit une bonne régularité dans l’accès aux informations
  • les plateformes d’agrégateurs existent souvent en version ordinateur ET application sur smartphone
  • les versions gratuites suffisent en général pour l’usage de veille dont nous avons besoin
  • il est possible de partager ses flux avec des collègues

INCONVÉNIENTS :

  • risque d’être surchargé si on ne filtre pas suffisamment ses critères au départ
  • certaines sources peuvent ne pas être automatisées (certains réseaux sociaux)

À présent, vous avez trouvé un système qui vous convient. Les informations qui vous intéressent sont là, à portée de clic, accessibles. Mais toutes ces « idées à creuser », « à voir », ces « à lire » et autre « super idée top top top pour le projet concours robotique », il va falloir les ranger quelque part, les classer, les analyser, les traiter, surtout si on a pour objectif de les partager ensuite.


Archiver ses informations pour les traiter

Voilà, ça y est, un super article a retenu votre attention!

Que vous l’ayez trouvé sur vos réseaux ou qu’il vous soit parvenu via votre agrégateur de flux, que vous ayez déjà eu le temps d’en prendre connaissance ou qu’il rejoigne la liste des articles à lire plus tard, il va falloir vous organiser pour le garder accessible et le retrouver sans chercher des heures.

Là aussi, deux niveaux d’usage peuvent être envisagés.

usage basique

  • se l’envoyer par mail ON A DIT NON, PAS PAR MAIL !
  • enregistrer l’article dans les favoris (☆) ou les signets (⚐) de son navigateur

AVANTAGES :

  • possibilité de créer des sous-dossiers dans ses favoris

INCONVÉNIENTS :

  • les articles enregistrés dans vos favoris sont stockés sur le terminal et dans le média que vous utilisiez au moment où vous êtes tombés dessus (ex: votre votre navigateur sur votre téléphone). Si vous changez d’environnement (vous repassez sur ordinateur), il n’est plus accessible (ou plus difficilement)
  • il n’est pas aisé de le partager avec des collègues (sauf à leur envoyer par mail ?)

usage avancé

AVANTAGES :

  • vous pourrez classer vos informations dans un espace structuré et accessible
  • certaines de ces solutions proposent une extension pour ordinateur et smartphone : vous pouvez y envoyer vos liens depuis n’importe quel outil et le retrouver tout aussi aisément
  • ces plateformes ont la possibilité d’être partagées, voire même devenir un espace collaboratif

INCONVÉNIENTS :

  • maintenant que tout est bien rangé et accessible, plus d’excuse pour ne pas retrouver ce que vous cherchiez !

Le super article est venu s’ajouter aux autres que vous aviez déjà trouvés en faisant votre veille. Qu’allez-vous faire de ce matériel, à présent ?


Exploiter le contenu de sa veille

Liste (non exhaustive) des exploitations possibles de votre veille :

  • les organiser, les conceptualiser, faire des liens entre les différentes ressources
  • les partager avec son groupe numérique
  • s’en servir pour construire une formation
  • les transmettre aux équipes dans les écoles (newsletter, article sur un blog, partage sur les réseaux sociaux…)

Vous voilà équipés pour essayer de mener une veille informationnelle de qualité, de la manière la plus efficace possible!

N’oublions pas que des informations essentielles peuvent également se trouver autre part que sur le web!

Dans des formations, des webinaires, au coeur des échanges avec ses collègues, en discutant avec des équipes d’enseignants en salle des maitres… Chaque interaction dans la vraie vie peut être source de nouvelles idées, de nouveaux projets (et ça vous donnera de nouveaux sujets de recherche pour votre veille!).

3 questions à…

Christophe GILGER, ERUN, créateur du site ClasseTICE

Christophe GILGER est ERUN (74) et Chef de projet Primabord DNE. Il publie régulièrement le fruit de sa veille numérique (activités, ressources, outils…) sur son site ClasseTICE. C’est un site qui fait partie des incontournables! Je lui ai posé 3 questions pour en savoir un peu plus sur sa façon de travailler.

1. Comment est né ton site ClasseTice ?

Mon site est né avec ma première publication chez Génération5 « 50 activités numériques en classe au service des apprentissages et du B2i  » en 2014, qui a été réédité en 2017 sous le titre « 52 activités numériques à l’école » suite à l’arrivée du CRCN. L’idée était de proposer pour chacune des activités présentes dans l’ouvrage des ressources complémentaires pour prolonger l’expérience. Puis, petit à petit, j’ai élargi mes publications. C’était une façon pour moi de conserver toutes les trouvailles que je pouvais faire dans le cadre de ma veille numérique et également de les partager. Le site a pas mal évolué depuis : de SPIP, je suis passé à WordPress, m’obligeant à un grand toilettage des articles. Cette migration m’a pris deux ans tout de même !

J’ai consacré pas mal de temps à ClasseTICE pour la mise en ligne d’articles (1320 à ce jour), mais aussi dans la structuration, les fonctionnalités, la charte graphique… avec fort heureusement l’aide de Génération5 qui prend en charge l’hébergement et qui m’aide d’un point de vue technique. À noter que l’éditeur n’intervient en aucune manière dans les contenus éditoriaux. Bref, je ne regrette pas cette aventure, mais il faut savoir que cela est très chronophage. Je suis aujourd’hui sur bien d’autres projets et je continue à l’alimenter, mais à un rythme moins soutenu. Le site regorge de nombreux outils au service des enseignements à l’école primaire. À ce jour, je suis également en charge du portail Eduscol Primàbord et je suis ravi de contribuer à ces deux sites qui sont complémentaires : ClasseTICE qui relaie principalement des outils numériques et Primàbord qui a plus vocation à relayer des usages pédagogiques et les ressources institutionnelles.

2. Comment t’organises-tu pour tes publications ?

Aussi surprenant que cela puisse paraître, je n’ai pas vraiment d’outil spécifique pour ma veille, hormis les réseaux sociaux et notamment X. Depuis novembre 2014 sur ce dernier, bientôt 10 ans, j’apprécie notamment les échanges et publications des collègues enseignants, ERUN et formateur numériques, mais aussi des IEN en charge du numérique ou DRANE, et je découvre très régulièrement de nouvelles pépites. X est donc ma principale veille numérique. Je pense d’ailleurs être abonné à tout formateur numérique ayant un compte identifié comme tel ! Si je vous ai oublié, ne pas hésiter à me faire un petit coucou au détour d’un post. X permet aussi de tisser des liens, des amitiés et ouvre à des collaborations qui vont bien au-delà de simples échanges sur les réseaux… bref, une belle aventure ! Une fois les trolleurs et les comptes toxiques bloqués (fort heureusement, très minoritaires), on évolue très sereinement sur X 😉

3. Quels conseils pour nous aider à faire une veille efficace ?

Pour une veille efficace, il ne faut pas se noyer, car la toile est extrêmement dense ! Je pense qu’il faut aujourd’hui changer de façon de trouver des ressources ou se documenter sur le net et éviter au maximum le passage par un moteur de recherche. C’est d’ailleurs ce que je conseille aux enseignants en formation qui bien souvent, ne mesurent pas le temps passé à faire des recherches pour un résultat parfois médiocre ou infructueux. Je les invite à identifier quelques sites de référence à travers lesquels il est alors bien plus facile et plus efficace d’assurer sa veille et trouver des ressources ciblées car :

  • on a identifié la ligne éditoriale de ces sites,
  • on en connaît le degré de validité et la qualité des ressources,
  • on sait de qui émane les productions,
  • on connaît l’organisation du site et on est donc plus à l’aise pour naviguer.

Bref, je pense que se constituer un répertoire d’une dizaine de sites et sélectionner des comptes à suivre sur les réseaux sociaux sont une bonne porte d’entrée pour celui ou celle qui souhaiterait développer une veille. Mais quels seraient ces sites incontournables ? Je pense que cela appartient à chacun, mais voici quelques pistes :

  • Eduscol, bien évidemment
  • CANOPE, pour les formations proposées
  • Le portail de son département, les sites des circonscriptions voisines
  • Le site de sa DRANE
  • Ludomag
  • Educavox
  • Quelques sites de blogueurs ou formateurs numériques que vous aurez ciblés pour leur qualité et leur pertinence
  • Sans oublier bien évidemment le KitERUN, le site de l’AFT-RN, ClasseTICE et Primàbord 😉

… mais cette liste ne saurait être exhaustive et j’oublie très certainement quelques autres indispensables, en espérant que leurs auteur.e.s veuillent bien me pardonner !

Pour prolonger

Sélection de ressources pour aller plus loin:

Je vous propose de participer, sur le forum, au partage de vos sites de référence en terme de veille informationnelle.

7 réflexions sur “Organiser sa veille informationnelle”

  1. Un article très complet avec en plus une interview de l’excellent Christophe Gilger. Good job Aurélie ! 👍

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